Quelques jours nous séparent encore des élections présidentielles et beaucoup de Tunisiennes se posent la question fatidique: «Pour qui allons-nous voter?»
Seuls les encartés dans des partis politiques voient clairs dans ce flou électoral, mais ceux-là ne dépassent pas 25% des votants toutes tendances confondues.
Ce doute qui plane sur le scrutin du 15 septembre 2019 traduit cette crise de confiance dans les élites politiques nationales et ses racines sont à chercher dans la pléthore des promesses non-tenues par les gouvernements et les représentants du peuple cumulé au cours de ces 9 dernières années.
Comment croire un personnel politique dont la crédibilité auprès de l’opinion publique est largement érodée?
Pourquoi accorder sa confiance à des candidats qui s’affrontent à coup d’insultes et de scandales dans les médias et les réseaux sociaux?
Or, chacun de nous est appelé le 15 septembre 2019 à faire un choix parmi 26 présidents potentiels dont sortira un vainqueur qui devrait avoir les qualités, non seulement politiques, mais également éthiques pour être à la tête du pays de la révolution démocratique.
C’est dire si l’offre politique qui se présente aux citoyennes tunisiennes pose problème.
Aussi l’éventualité du vote blanc s’invite aujourd’hui, tout naturellement dans le débat autour du rendez-vous du 15 septembre.
Qu’est-ce-que le vote blanc?
Commençons par dire que le vote blanc n’est pas une bizarrerie, ni une invention ex-nihilo pour les besoins de cet article.
Le vote blanc est mentionné par les articles 3 et 136 de notre loi électorale et occupe la même place que les autres catégories de suffrages. Son pourcentage est comptabilisé et déclaré lors de l’annonce des résultats définitifs.
N’oublions pas aussi que notre jeune expérience électorale libre et démocratique amène souvent l’électeur à confondre entre vote blanc et abstention.
Le vote blanc n’est pas l’abstention, car il impose la démarche d’aller au bureau de vote, de ne cocher aucun candidat et de déposer son bulletin dans l’urne.
Voter blanc n’est pas une sinécure ou une démission, il est l’exercice démocratique d’un droit constitutionnel et l’accomplissement d’un devoir citoyen.
«J’ai vote Ennahdha a l’insu de mon plein gré»
Parmi les arguments généralement avancéspar les détracteurs du vote blanc,le plus important est : ‘’Ça sert Ennahdha….’’
On peut mettre ce genre de répartie sur le compte de la naïveté, pour certains, et de la tromperie pour d’autres.
Il y’a derrière nous les élections présidentielles de 2014 et le soutien apporté par les démocrates, la gauche, les femmes etc… à feu Béja Caid Essebsi. C’était l’époque de l’appel au fameux « vote utile » Anti Nahdha. On sait malheureusement ce qu’il est devenu, par la suite, de ces bulletins anti-islamistes.
Les majorités parlementaires et les futurs gouvernements à venir se feront difficilement sans Ennahdha.
Quand on ne confond pas bulletin de vote et baguette magique, on est conscient que la véritable lutte contre l’islam politique nécessite encore du temps, des efforts et des sacrifices, pas un simple tour de scrutin.
Et sivous accordez notre voix à un président qui fera alliance en novembre 2019 avec Ennahdha, il ne vous resteplus qu’à dire comme l’autre : ‘’j’ai voté Ennahdha à l’insu de mon plein gré’’.